Contexte géologique :
Le petit massif calcaire, orienté ouest-est et formant la limite entre Ganties et Montespan présente une originalité particulière.
La roche le composant, le calcaire urgonien, du crétacé moyen (100 millions d’années), est un pointement de basse altitude de cette strate géologique que l’on retrouve d’ordinaire en moyenne montagne au dessus de 1000 m (Massif d’Arbas, Pic du Cagire, Pic du Gar).
Cette formation forme une bande ouest-est, qui, suite a une poussée verticale à percé les calcaires plus récents.
A l’ouest, la grotte de Gargas (Haute Pyrénées) s’ouvre dans cette roche, ainsi qu’a l’est les gouffres et grottes de Sourroque, au delà de Saint Girons (Ariège).
Ce calcaire s’est formé par l’accumulation de débris organiques dans une mer peu profonde (maxi 200 m) comportant des récifs coralliens, sous un climat subtropical.
Le résultat forme une roche dure, à patine claire, parcourue par des failles sud-nord, perpendiculaires à la grande faille nord pyrénéenne d’orientation ouest-est, cela est dû au manque d’élasticité de la dite roche.
L’eau et le gaz carbonique de l’air, ont taraudé ces cassures initiales, l’acide carbonique dissolvant le calcaire au cours des millions d’années suivant la surrection des Pyrénées (il y a 40 millions d’années).
Ainsi se sont formés grottes et gouffres dont le réseau Ganties-Montespan.
Ce réseau sert de drain à l’écoulement de l’eau du sud vers le nord. Ainsi chemine, pendant 1,2 km, la rivière souterraine du réseau, traversant la colline de part en part.
Suivant la résistance de la roche, l’eau a modelé le paysage souterrain, encaissé dans les parties dures, et s’élargissant au point de moindre résistance.
Contexte de l’occupation humaine :
Depuis la surrection des Pyrénées, due à la tectonique des plaques (la plaque ibéro-africaine poussant la plaque eurasiatique) l’érosion à fait son travail mettant en place le paysage actuel.
Des primates vivaient dans le sud-ouest, sous un climat chaud au miocène et pliocène (pliopithèque et dryopithèque), entre 15 et 5 millions d’années. Le milieu devait être celui d’une savane arborée.
Avec l’évolution des espèces apparut homo erectus vers 1,5 millions d’années qui évolua suivant les continents vers l’homme de Neandertal (Europe de l’ouest) et homo-sapiens (Afrique, Proche Orient).
Homo erectus fut l’inventeur du feu, il y a 550 000 ans. L’homme de Tautavel (Pyrénées orientales) en est un représentant évoluant vers le type Neandertal européen
Neandertal était adapté à un climat tempéré à froid entre les latitudes 35° et 50°Nord.
Sapiens évoluait dans un environnement plus clément et méridional.
Neandertal occupa l’Europe jusqu'à il y a 32 000 ans, période d’expansion sur le même territoire, d’homo-sapiens, à la faveur d’un réchauffement climatique (postglaciaire WÜRM 2).
Homo-sapiens, c’est nous, l’homme moderne, dont l’expansion ne s’arrêtera plus sur la planète Terre.
Depuis l’Afrique et le Proche Orient, il colonisa l’Europe de l’Ouest via la vallée du Danube et les côtes méditerranéennes.
Il y eut interaction entre Neandertal et Sapiens au niveau des techniques d’outillage et ils furent contemporains comme le révèlent les datations de leurs sépultures au Proche Orient.
L’un a t-il assimilé l’autre ? L’un a-t-il évolué vers l’autre ? Pourquoi Neandertal a disparu ? C’est une grande question de la préhistoire.
Sur notre territoire commingeois, Neandertal a vécu et a certainement côtoyé Sapiens.
A la période dite Aurignacienne (Nom venant de l’abri sous roche d’Aurignac, Haute-Garonne, à 30 km de Montespan), ils devaient chasser sur le même territoire.
Puis vers 30 000 ans, Neandertal s’efface.
Homo-Sapiens, chasseur-cueilleur, nomadisa les grands espaces, établissant des camps de plein air et se réfugiant épisodiquement dans des grottes.
Il suivait le déplacement des grands troupeaux migrateurs de bisons, chevaux ou rennes, au rythme des saisons et des aléas climatiques.
De 30 000 ans à son occupation de la grotte de la Hountaou, il y a 15 000 ans, le paysage évolua, tantôt forestier, taïga ou steppe froide avec couvert végétal clairsemé.
C’est à ce stade que correspond l’occupation humaine de la grotte de Montespan comme l’atteste les gravures des animaux représentés sur les parois : chevaux, bisons et bouquetins principalement.
C’est la période magdalénienne ou âge du renne, animal peu représenté dans les grottes car probablement très abondant comme le montre les multiples objets confectionnés dans cet animal.
Montespan est aussi célèbre pour le modelage en argile d’un ours sans tête lardé de coups de sagaie qui fût longtemps considéré comme la plus vieille statue du monde. Située dans une galerie annexe au-dessus du lit de la rivière, c’est une des pièces maitresses de la cavité, les autres étant les gravures de scènes de chasse qui, sur plusieurs mètres, ornent les parois d’une autre galerie.
En fait, il y a des gravures sur tout le parcours du réseau, ainsi que des traces de griffades d’ours, de pieds et de mains humaines.
Malheureusement, certaines ont été détériorées par le passage de personnes qui n’avaient pas conscience de leur présence avant leur révélation par Norbert CASTERET en 1922.
CASTERET, GODIN, TROMBE et DUBUC révélèrent cette richesse archéologique à la communauté scientifique.
Américains, belges, anglais, toulousains et parisiens se pressèrent à Montespan pour admirer ces vestiges.
Il fut admis pendant longtemps que la cavité devait servir à l’exercice de cérémonies chamaniques relatives à la chasse, telles qu'elles se pratiquent encore sans les solitudes glacées de Sibérie.
Mais récemment, l’équipe de Michel GARCIA, chercheur préhistorien, a découvert une occupation humaine avec des foyers dans la salle principale dite « de Montespan » à 120 m de la sortie du réseau.
L’avenir nous révèlera probablement d’autres découvertes, si la recherche dans la grotte se poursuit.
En tout cas, celle-ci, qui garde sa part de mystère, n’est pas accessible au public et est vouée à la recherche scientifique.
Texte : Germain DODOS
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